Chapitre 3 - Vers une agriculture durable
Chapitre 3 – Vers une agriculture durable
Alors qu’une partie des êtres humains ne se soucie pas de son approvisionnement en nourriture, une majorité a du mal à subsister. De plus, les régions du monde touchées par des pratiques agricoles qui détériorent l’environnement sont de plus en plus nombreuses et sont menacées par le manque de ressources qui en résulte.
Problématique : Comment fournir une alimentation quantitativement et qualitativement convenable à l’ensemble de la population mondiale tout en préservant l’environnement afin que son exploitation soit durable ?
I – Les écosystèmes :
1) Les relations alimentaires dans les écosystèmes :
À partir des régimes alimentaires des êtres vivants, on établit le réseau des relations alimentaires existant entre eux : c’est le réseau trophique. Il correspond à l’interconnexion de nombreuses chaînes alimentaires, séquences ordonnées d’êtres vivants, dans lesquelles un végétal chlorophyllien est consommé par un phytophage, lui-même consommé par un zoophage.
Les végétaux chlorophylliens sont autotrophes : ils fabriquent leur matière organique à partir des éléments minéraux puisés dans leur environnement (CO2, H2O et ions minéraux) et de l’énergie solaire.
Les producteurs primaires représentent le premier niveau trophique. Tous les autres êtres vivants sont des consommateurs, qui, selon la nature de ce qu’ils consomment sont classés dans des niveaux trophiques de plus en plus élevés. Les niveaux trophiques I, II, III, IV sont donc ceux des consommateurs qui doivent obligatoirement trouver de la matière organique dans leurs aliments afin de se construire.
2) Flux de matière et d’énergie :
La matière circule d’un maillon à l’autre du réseau trophique, mais seule une faible partie de la matière ingérée (environ 10%) par un être vivant se retrouve dans la nouvelle matière construite. Le reste de la matière consommée a été utilisée par le consommateur pour vivre (fonctionnement des organes, respiration) ou n’a pas été utilisée (excréments). Cette perte de matière d’un niveau à l’autre de la chaine alimentaire équivaut à une perte d’énergie puisque la matière organique est riche en énergie chimique.
II – Des agrosystèmes pour nourrir les Hommes :
Activité 5 – Pratiques alimentaires collectives et perspectives globales
A – Ecosystème vs agrosystème
B – Flux de matière et d’énergie
C – Pratiques collectives et conséquences globales
1) Les agrosystèmes, des écosystèmes cultivés :
Un agrosystème est un système agricole créé par l’Homme afin d’exploiter une part de la matière organique végétale ou animale qu’il produit à des fins alimentaires, industrielles ou énergétiques.
L’intérêt d’un agrosystème repose sur la production de matière :
- la production primaire correspond à la biomasse végétale élaborée par photosynthèse,
- la production secondaire correspond à la biomasse animale produite par les consommateurs (herbivores, carnivores).
Dans un agrosystème, une part importante de la biomasse produite est exportée (récoltes, viandes, œufs, lait…) au lieu d’être recyclée comme dans un écosystème. L’agrosystème est donc un écosystème déséquilibré. Pour ne pas qu’il s’épuise, les agriculteurs introduisent de l’énergie, des matières minérales (eau, engrais) et éliminent toutes les espèces concurrentes (pesticides) ce qui réduit beaucoup la biodiversité.
2) Les impacts écologiques de nos choix alimentaires :
Le développement des agrosystèmes, pour répondre à la demande d’une population croissante, a des impacts sur l’environnement :
- déforestation pour augmenter les surfaces cultivées, que ce soit pour des cultures destinées à la consommation humaine ou à nourrir le bétail,
- augmentation de la consommation d’eau douce,
- émission de gaz à effet de serre (méthane, CO2…).
La perte de matière d’un niveau à l’autre de la chaine alimentaire fait qu’il faut 10 kg de végétaux pour obtenir 1 kg de viande. Le choix individuel d’une alimentation végétale ou animale a donc un impact important sur l’environnement. Plus la chaîne est courte, moins il y a de pertes. En privilégiant une alimentation végétale, l’Homme réduit les pertes de matière et d’énergie.
3) Les conséquences du développement des pays émergeants :
On estime qu’actuellement 2 milliards de personnes, soit un individu sur trois, souffrent à des degrés divers de malnutrition. Cette situation correspond à des carences en vitamines, en oligoéléments...mais aussi en protéines d’origine animale.
Même si la consommation de viande baisse dans les pays riches, elle concernera essentiellement la viande rouge, produite à partir d’herbes, en faveur d’une consommation plus importante de viandes blanches, moins chères. Les pays émergeants accèdent aux protéines animales par ce même type d’aliments. Or, les volailles et les porcs étant nourris à partir de céréales, le prix de ces denrées devrait continuer à augmenter.
III – Des pratiques culturales raisonnées :
1) L’agriculture à l’heure actuelle :
L’amélioration considérable de la productivité végétale date de l’après guerre. C’est d’abord la mécanisation qui a permis de rapides progrès, puis le recours quasi systématique aux engrais chimiques (N, P, K) et aux produits phytosanitaires (herbicides, fongicides, insecticides). On peut également pallier aux aléas du climat par l’irrigation.
La culture hors sol correspond à une culture menée sans la terre, le plus souvent sous serre, grâce à une nutrition «goutte à goutte» dite hydroponique. Cela est particulièrement répandu pour la production de tomates et de concombres. On peut alors s’affranchir de toutes les données climatiques et obtenir des légumes toute l’année, mais pour un coût important et pour une qualité souvent médiocre.
2) De nouvelles pratiques culturales :
Un peu partout en France, des agriculteurs se sont lancés dans des conduites de cultures limitées en engrais et en produits phytosanitaires et ont démontré que la réduction des intrants ne pénalisait pas la rentabilité de l’exploitation.
Ex. : L’Inra a montré au travers d’une expérimentation conduite sur trois ans, que la culture du blé en systèmes moins intensifs pouvait maintenir une bonne rentabilité économique. Les chercheurs ont comparé deux modes de conduite du blé :
- un système intensif avec un objectif de rendement de 90 q/ha, des variétés productives et des traitements phytosanitaires systématiques
- un système extensif avec un objectif de rendement de 75 q/ha et des traitements phytosanitaires raisonnés sur des variétés conventionnelles.
Résultat : c’est la conduite extensive des variétés conventionnelles qui permet d’obtenir la meilleure marge brute.
Depuis une décennie, certains producteurs ont tenté de réduire le travail du sol, voir de semer directement, sans labour. Ces techniques donnent elles aussi d’excellents résultats. Elles présentent l’avantage de respecter l’équilibre écologique du sol, de permettre durablement la réduction des intrants et de favoriser le piégeage du CO2.
3) Manger autre chose demain ?
a) Les insectes :
Les insectes sont appréciables pour leur richesse en protéines, en minéraux, en acides gras saturés, en acides aminés essentiels, en vitamines, et tout cela pour un apport calorique limité. Ils cumulent les avantages écologiques et économiques. Les espèces comestibles sont présentes sur toute la planète, leur élevage peut facilement être industrialisé, ils n’ont pas besoin de compléments alimentaires, leur viande ne demande pas de réfrigération et ils se reproduisent très vite (une femelle criquet pond 1500 œufs par mois, une termitière produit 30000 œufs par jour et certaines fourmilières jusqu’à 300000 œufs quotidiens).
Cependant, les insectes, qui arrivent souvent en bout de chaîne alimentaire et subissent de plein fouet la diffusion des intrants agricoles dans l’environnement, accumulent dans leur organisme des métaux lourds et des molécules neurotoxiques. Il va donc falloir adopter pour leur élevage des normes environnementales strictes qui garantissent une viande saine.
b) La viande synthétique :
La viande de laboratoire, ce sont des cellules animales cultivées in vitro. On peut cultiver n’importe quelle viande en laboratoire, à condition de disposer d’un échantillon de tissu musculaire et d’un système de perfusion qui apporte les nutriments nécessaires à la croissance cellulaire (oxygène, acides aminés...) et qui évacue les déchets produits par les cellules. Pour avoir une bonne texture et ressembler à de la viande, le muscle doit aussi être contracté régulièrement. Cette viande, élaborée loin des prés et des étables, ne demande pas d’antibiotiques ni de terrain, n’émet quasiment pas de CO2, ne produit pas d’effluents, ne pollue pas les nappes phréatiques et évite l’abattage.
Reste le principal obstacle : le prix. Pour l’heure, cette viande est encore extrêmement chère : un million de dollars les 250g.
c) Adhérer à une AMAP :
Une Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne monte un partenariat entre un groupe de consommateurs et un groupe de producteurs locaux. Ce partenariat est basé sur la livraison de produits définis, frais et de bonne qualité moyennant un abonnement payable à l’avance. Le principe fondamental est de favoriser une agriculture durable, socialement équitable et écologiquement saine.
Toutes les AMAP ne correspondent pas strictement aux critères de l’agriculture biologique, mais de nombreuses obtiennent la certification. Le prix du panier est fixé de manière équitable : le producteur doit couvrir ses frais et dégager un bénéfice, le consommateur doit pouvoir trouver des produits de qualité pour un budget comparable à celui qu’il aurait en grande surface. De tels prix sont possibles car les produits ne sont pratiquement pas transportés, pas emballés, les intermédiaires ont été supprimés.
Conclusion :
Dans les pays développés dont nous faisons partie, les choix alimentaires sont possibles. Ils sont dictés par nos goûts, par notre culture, par l’influence qu’exercent sur nous le marketing et la publicité et de plus en plus par des choix financiers ou politiques. Chaque consommateur a la possibilité de faire des choix raisonnés, qui permettraient à terme une meilleure répartition des ressources mondiales.